Les plages choisies par les collégiennes américaines pour y passer leur semaine de relâche sont parfois le théâtre d'excès. À cette période de leur vie, que l'on peut nommer "adulescence", les complexes et les remises en question de l'adolescence sont choses du passé, et les obligations qui correspondent au monde des adultes n'imposent pas encore leur fardeau. On s'émancipe de l'autorité parentale, on lâche son fou, on vit à cent milles à l'heure au cours de cette courte semaine de liberté printanière. La chaleur de la plage, l'influence du groupe d'amis, et la consommation abusive de boissons alcoolisées aidant, on participe à toutes sortes d'activités, dont plusieurs à connotation sexy. Il suffit d'ailleurs de se promener tout simplement sur les plages pour avoir droit à un spectacle assez "olé olé" avec tous ces corps dénudés livrés au soleil et aux regards indiscrets. Certaines étudiantes en congé n'ont pratiquement rien à cacher lorsqu'elles prennent un bain de soleil... En relâche, on relâche tout !
Cette semaine de pause durant l'année scolaire, appelée aussi semaine d'études ou de lecture, a commencé à devenir une tradition aux États-Unis, après la seconde guerre mondiale. Selon les états ou selon la date de certaines fêtes comme celles de Pâques, le "spring break" américain a lieu en février, mars ou avril. Au début, la grande majorité des étudiants convergeaient vers les plages de la Floride, celles de Fort Lauderdale en particulier, pour oublier le stress des études. C'est un dénommé George Warren "Bob" Gill Jr qui a été le principal instigateur de cette fameuse semaine de "vacances" pour les jeunes des collèges et des universités du pays de l'oncle Sam. Il est reconnu comme le "père" du "spring break" à Fort Lauderdale. En 1935, l'équipe masculine de natation de Colgate University a commencé à se rendre dans cette localité pour s'y entraîner, à ce moment de l'année scolaire. Cette habitude a tracé la voie et a incité d'autres membres d'institutions d'enseignement à l'imiter. Ce qui a eu un effet d'entraînement qui a fait boule de neige (bien qu'il soit curieux de parler de neige dans ce cas !) et qui a attiré de plus en plus de jeunes à Fort Lauderdale lors du congé d'études.
En 1960, Fort Lauderdale s'ancra encore davantage dans sa vocation de capitale du "spring break" grâce au film "WHERE THE BOYS ARE", dont le scénario tourne justement autour de collégiennes qui rencontrent des garçons lors d'une semaine de relâche sur les plages de la station balnéaire floridienne. Mais au fil des années, avec la libération sexuelle et le relâchement des moeurs, les résidents de la place ont commencé à trouver moins drôle les folies des étudiants. Des jeunes bruyants et dérangeants, constamment sur le "party", causant de plus en plus de dommages aux propriétés publiques et privées. En 1985, sous la pression des citoyens, les autorités municipales ont dû mettre en vigueur des lois et des règlements restreignant les "parties" et les célébrations de toutes sortes qui troublaient l'ordre public. C'est également cette année-là que le gouvernement américain a adopté la loi fixant à 21 ans l'âge minimum pour consommer des boissons alcoolisées sur son territoire.
Ces mesures législatives plus sévères ont eu pour conséquence directe de déplacer le "spring break" vers des destinations étrangères plus accueillantes pour les "frasques estudiantines"... Le Mexique, entre autres, est devenu une terre hospitalière pour les jeunes en mal de liberté et de sensations fortes lors de la semaine de relâche... Sur ces nouveaux sites en dehors des USA, ou bien l'âge légal pour se saouler était plus bas, ou bien les lois et les règlements régissant cette norme n'étaient tout simplement pas appliqués... En tout cas, l'effet des restrictions promulguées à Fort Lauderdale a été brutal. Dès 1989, quatre ans après avoir été mises en vigueur, ces contraintes légales avaient fait passer le nombre de visiteurs de 350 000 à 20 000 durant la relâche.
Bref, cette semaine de congé est tout, sauf reposante, pour ces jeunes hommes et ces jeunes femmes qui imaginent toutes sortes de concours et d'activités pour s'amuser ferme. Ça va des concours de bikinis jusqu'aux concours de gilets ou de camisoles mouillés, en passant par le calage de bière ou de spiritueux, le "crush it" (un jeu consistant à crever des ballons sur une autre joueuse à l'aide de son corps, sans utiliser les mains), et les "body shots", cette extravagance qui consiste à boire ou à lécher diverses substances ou boissons directement sur le corps de jolies filles (photo ci-dessus). Une façon littérale de croquer quelques belles !
Le "twerking" (déhanchements et mouvements du bassin ou du popotin) est également une autre manière populaire de dépenser son énergie sur les plages ensoleillées ou lors des super parties du spring break. Se lancer de la boue ou de la bière fait aussi partie du "plaisir" que l'on peut se donner durant ces vacances scolaires.
Oui, il n'y a pas à dire, on en voit réellement de toutes les couleurs lors de cette incroyable relâche printanière ! Il faut bien que jeunesse se passe, mais, à certains endroits, elle se passe parfois de manière plus spectaculaire qu'ailleurs...